******* LE FRUIT DU DRAGON OU PITAYA******

************ OU PITAHAYA ************

****** EST AUSSI PRODUIT A L'ILE DE LA REUNION ******

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Non, il ne faut pas trop rêver, il n'y a pas (encore) de production industrielle de Pitaya (fruit de "Hylocereus undatus" ou d'autres Hylocereus) en France métropolitaine ! Les seuls fruits de ces plantes que j'y ai observés sont trois ou quatre fruits sur une des falaises du magnifique Jardin Exotique de Monaco.

Mais la Pitaya est produite dans les DOM et plus particulièrement à l'île de la Réunion. (point rouge sur la carte)

La documentation sur ce sujet, qui m'a permis d'écrire ces pages, m'a été très aimablement communiquée par Fabrice Le Bellec et Christian Lavigne, tous les deux chercheurs au CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement). Je tiens ici à les remercier pour les nombreux textes et photos qu'ils m'ont adressés, issus de leur recherche.

LA PITAYA A L'ILE DE LA REUNION

 

Hylocereus undatus naturalisé à la Réunion

Hylocereus undatus naturalisé dans l'île de la Réunion.

Originaire d'Amérique centrale, Hylocereus undatus est une plante naturalisée depuis longtemps dans l'île : sa présence y est attestée dès 1895 (Jacob de Gordemoy in : "La flore de la Réunion"). Une autre espèce d'Hylocereus y est aussi présente, bien que d'introduction beaucoup plus récente (les références connues datent des années 1990) : il s'agit d' Hylocereus costaricensis.

Ces deux plantes fleurissent normalement dans l'île, mais il faut noter qu'elles ne fructifient que très rarement d'une façon spontanée.

 

LA DIVERSITE DES FRUITS DE L'ILE DE LA REUNION

Le patrimoine fruitier de l'ïle de la Réunion est très riche ; presque toutes les espèces fruitières y ont été introduites. Il a été recensé 138 espèces fruitières différentes dont cinq seulement cultivées à des fins commerciales il y a quelques années seulement : la mangue, le litchi, l'ananas, la banane et les agrumes. Le reste du patrimoine fruitier n'est cultivé que dans les jardins, ou seulement présent dans la nature.

Les chercheurs du CIRAD voulaient diversifier la production fruitère de l'île avec un nouveau fruit. Vu la richesse précédemment évoquée, il paraissait inutile d'introduire une nouvelle espèce, d'autant plus que les espèces déjà présentes (comme les Hylocereus) ne sont plus à acclimater, ce qui fait gagner du temps.

Dès 1994 a été entreprise une double démarche pour décider quelle espèce fruitière serait développée, puis pour aboutir à la production du fruit sélectionné :

1- Investigations auprès des futurs consommateurs, vendeurs et agriculteurs.

2- Recherches concernant la culture et la fructification.

 

1- INVESTIGATIONS AUPRES DES FUTURS CONSOMMATEURS, VENDEURS ET AGRICULTEURS

Le fruit qui allait être sélectionné.

La pré-sélection de l'espèce s'est faite en fonction des exigences des différents acteurs concernés :

Pour le consommateur : attractivité du nouveau fruit évalué à travers sa forme, sa couleur et son goût ainsi qu'à sa facilité de consommation.

Pour le vendeur : l'intéret du nouveau fruit lié à sa durée de vie sur les rayons, sa possibilté de conservation et la régularité de son approvisionnement.

Pour l'agriculteur : la rentabilité de la nouvelle culture, sa facilité et une mise à fruit rapide.

Hylocereus undatus et son fruit furent retenus et la recherche sur sa fructification et sa culture commença (voir paragraphe 2-). Parallèlement, des enquêtes furent menées auprès des acteurs déjà cités, enquêtes qui confirmèrent la validité du choix et qui incitèrent à continuer le processus de recherche.

Puis (à partir de 2000), les producteurs furent contactés et commencèrent la culture. Une campagne de publicité fut faite auprès des hôtels, restaurants, salons agricoles et dans la presse. La mise sur le marché commença sans qu'aucune aide financière ne soit nécessaire pour les agriculteurs, qui s'étaient appropriés les techniques de culture.

Ces techniques sont le fruit de l'étape numéro 2.

2- RECHERCHES CONCERNANT LA FRUCTIFICATION ET LA CULTURE

Comment provoquer la fructification

Comme il a été dit plus haut, H. undatus et H. costaricensis ne fructifient que très rarement d'une façon spontanée. Il fallait donc comprendre pourquoi et aussi trouver comment procéder pour que la fructification ait lieu. Il fut donc décidé de procéder à plusieurs types de pollinisation, sur une parcelle expérimentale, plantée avec un clone d'H. undatus et un clone d'H. costaricensis cultivés sur des tuteurs verticaux en bois. Cette étude fut menée de décembre 1998 à mai 2000.

Parcelle expérimentale, culture sur tuteurs individuels

Les différents types de pollinisation étudiés furent :

(1) : autopollinisation manuelle                          (2) : pollinisation libre nocturne

(3) : pollinisation libre diurne                         (4) : pollinisation manuelle croisée     

Les résultats négatifs des procédés (1) et (2) en 1999 (aucune fructification observée) conduisirent à ne continuer en 2000 que les procédés (3) et (4). Il en découla les conclusions suivantes :

Chacun des deux clones d'Hylocereus était auto-incompatible ( aucun fruit avec (1) pour 200 pollinisations).

Les agents pollinisateurs naturels mis en évidence dans les procédés (2) et (3) étaient des abeilles.

              

abeilles mellifères visitant des fleurs d'Hylocereus

Cependant, les pollinisations nocturnes ne produisirent aucun fruit et les diurnes des fruits de taille commercialement insuffisante. La petite taille des abeilles ne leur permettait pas de déposer sur les pistils suffisamment de pollen ; or la taille des fruits augmente avec la quantité de pollen déposée.

Il faut noter qu'en Amérique, les pollinisateurs naturels des Hylocereus sont des chauve-souris et des papillons sphinx, absents sur l'île de la Réunion.

Le seul procédé permettant d'obtenir des fruits de taille acceptable était la pollinisation manuelle croisée. C'est celui qui fut adopté.

Pollinisation manuelle croisée d'une fleur d'H. costaricensis avec du pollen récolté sur H. undatus.

De plus, F. Le Bellec créa un hybride entre H. undatus et H. costaricensis, hybride permettant de féconder efficacement chacun des deux parents.

Les différentes techniques de culture

Les Hylocereus peuvent être multipliés par bouturage ou par semis, la première méthode étant la plus rapide : obtention des fruits 1 an après le bouturage contre 3 ans après le semis.

Les plants sont mis en terre à des distances mutuelles variant suivant la technique de culture. Comme les Hylocereus sont des cactées grimpantes, elles poussent et s'agrippent le long de n'importe quel support, au moyen de leurs racines aériennes. On les fait habituellement pousser soit sur des tuteurs verticaux en bois ou en béton, soit sur des grillages métalliques verticaux ou inclinés, cette dernière méthode permettant de les planter plus serrés. Du fait de leur poids, les plantes doivent être taillées et attachées sur leur support.

Le système racinaire des Hylocereus étant superficiel, une petite quantité d'apports nutritifs minéraux et organiques leur suffit. Une irrigation régulière est favorable à l'obtention de beaux fruits.

Les fruits, qui pèsent chacun entre 300 et 700 grammes, sont récoltés environ 30 jours après la pollinisation.

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