LA MULTIPLICATION DES CACTEES EPIPHYTES
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FRUITS DE RHIPSALIS BACCIFERA
Les trois modes de multiplication principaux qui peuvent s'envisager sont : le semis, le bouturage et le greffage
LE SEMIS
C'est un mode de multiplication particulièrement attrayant pour celui qui le pratique ; la germination des graines et la croissance des plantules sont passionantes à observer. Mais le procédé présente aussi pas mal d'inconvénients. Tout d'abord, il ne peut convenir aux hybrides car la floraison des plantes issues de semis n'est pas identique à celle de la plante sur laquelle ont été récoltées les graines. Le procédé est applicable aux espèces botaniques seulement à condition qu'aucune hybridation involontaire ne se soit produite. On peut dons récolter les graines soi même à partir des plantes de sa collection. Mais, pour agrandir la palette des espèces possédées, il faut avoir recours aux graines d'autres collectionneurs ou acheter aux producteurs de graines. Les producteurs européens de graines de cactées ne proposent que trés peu de grainesd'épiphytes (une dizaine au grand maximum en faisant le tour des principaux catalogues). On peut aussi essayer de se procurer des graines dans les listes proposées par les associations de cactophiles amateurs. Quant aux producteurs des USA, les procédures CITES, phytosanitaires, douanières et de paiement ont découragé beaucoup de producteurs et de clients. De plus il faut attendre un minimum de cinq à six ans entre le semis et la première floraison.
LE BOUTURAGE
C'est incontestablement le procédé le mieux adapté à la multiplication des cactées épiphytes. La méthode s'applique aussi bien aux espèces botaniques qu'aux hybrides puisque le bouturage est un clonage.Les mêmes restrictions d'approvisionnement s'appliquent malheureusement d'une façon encore plus renforcées que pour les graines en ce qui concerne les producteurs des USA (à ce point que beaucoup d'entre eux ont arrêté l'exportation des boutures hors des Etats Unis). Il vaut mieux donc se restreindre au marché européen (France, Royaume Uni, Pays Bas, Belgique, Allemagne, Italie), (voir liste), ce qui laisse déjà pas mal de choix sans compter l'échange ou l'achat de boutures à d'autres collectionneurs amateurs ou à des associatons de cactophiles..
Le bouturage des cactées épiphytes est une technique tout à fait simple qui permet d'avoir des floraisons parfois dès la première année après le bouturage. Il peut se pratiquer pendant toute l'année, bien que plus facile au printemps et en été. Les boutures sont coupées à l'endroit de la séparation des articles ou un peu au dessous des ramifications de tiges : c'est à cet endroit que les racines se forment le plus facilement (voir illustration ci-dessus). Avant d'être plantés dans le même compost que les plantes adultes, on doit laisser sécher les articles coupés pendant environ une semaine pour qu'ils se cicatrisent. Après la plantation dans de petits godets en matière plastique, les boutures ont besoin de chaleur et d'humidité constantes pour former leurs racines ; il faut donc arroser et bassiner fréquemment pour maintenir le compost légèrement humide en permanence. Si le bouturage a été fait en hiver, les boutures doivent être gardées à l'intérieur à une température d'environ 20°C, en chauffant éventuellement le sol au moyen d'une petite résistance électrique. J'éclaire les boutures faites en hiver au moyen d'un tube horticole en maintenant le tube allumé pendant au moins une douzaine d'heures par jour. La belle saison est ainsi mieux simulée pour provoquer l'enracinement et la croissance des boutures. Je n'hésite pas à mettre de temps en temps un engrais liquide dans l'eau d'arrosage des boutures. Je rempote les boutures dans un pot définitif un à deux ans après le bouturage.
Sans qu'il s'agisse à proprement parler de multiplication faite soi-même, on peut acheter directement des plantes adultes de cactées épiphytes à de nombreux producteurs européens.
LE GREFFAGE
greffe de Schlumbergera opuntioides sur Selenicereus
Il s'agit d'une méthode réservée aux espèces particulièrement difficiles ou aux producteurs qui veulent gagner du temps. C'est quelque chose de très amusant et qui marche très bien mais je ne m'y étendrai pas beaucoup car je ne la pratique que très rarement. Les greffes obtenues sont censées pousser plus vite que les boutures sur leur propres racines mais je les trouve plus fragiles. Certains vous diront exactement le contaire, il faut essayer pour décider. Les porte greffes utilisés sont des Selenicereus ou certains Rhipsalis à grosse tige comme Rhipsalis paradoxum.
La greffe doit se faire un jour de beau temps sec pour favoriser la cicatrisation. On utilise un porte greffe en phase active de végétation donc arrosé et mis à la chaleur pendant les semaines qui précèdent la greffe. La greffe peut se faire à plat ou en fente . Dans les deux cas il faut essayer de mettre en contact les vaisseaux du porte greffe avec ceux du greffon en biseautant par exemple le greffon. Juste après la greffe le porte-greffe et le greffon sont maintenus en contact étroit soit au moyen d'un élastique par exemple (pour la greffe à plat), soit au moyen d'une épine de cactus (pour la greffe en fente). L'ensemble porte- greffe et greffon sera maintenu en végétation pendant les semaines qui suivent la greffe.
SAUVETAGE D'UNE PLANTE VICTIME DE POURRITURE
J'ai souvent sauvé un plante dont le collet pourrit de la façon suivante : je coupe la plante au-dessus de la partie pourrie et je vérifie que la partie restante n'est pas contaminée en observant la couleur des vaisseaux qui ne doivent laisser voir aucune trace brune ou rougeâtre ; je laisse sécher quelques jours après avoir recouvert la cicatrice de poudre de charbon de bois. Puis je bouture la partie restante dans du sable pur que je maintiens humide et en atmosphère chaude pendant quelques semaines. Le sable pur est un milieu particulièrement favorable à la formation et au développement de nouvelles racines. Puis, au bout d'un à deux mois, je remets les plantes enracinées dans un compost normal.