Les cactus de Pâques sont un genre, à mon avis trop méconnu des cactées épiphytes. Ils sont surtout appréciés par le grand public, moins par les cactophiles, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte.
Les cactus de Pâques sont souvent confondus avec les cactus de Noël, y compris par certains professionnels des jardineries. Ceci vient probablement du fait que le port des plantes non fleuries des deux genres se ressemble vaguement, à condition de ne pas regarder trop attentivement : les articles des cactus de Pâques ont la même forme aplatie et arrondie que celle des cactus de Noël proches de Schlumbergera russelliana (voir forme 1 ou R des aticles sur la première de mes pages sur les cactus de Noël).
Mais, dès que les fleurs sont là, il n'y a plus de confusion possible : les cactus de Noël fleurissent entre le mois de septembre et le mois de février, alors que les cactus de Pâques fleurissent entre les mois d'avril et de juillet (tout ceci sous nos climats, dans l'Hémisphère Nord).
La forme des fleurs n'est pas non plus du tout la même (voir les deux photos ci-dessous):
Les cactus de Noël ont des fleurs zygomorphes, c'est à dire symétriques par rapport à un plan, ici passant par le pistil. Le pistil est très long, les cactus de Noël étant fécondés, dans leur biotope, par des colibris.
Les cactus de Pâques ont des fleurs actinomorphes, c'est à dire symétriques par rapport à un axe, qui est ici celui du pistil. Le pistil est très court et les fleurs ont la forme d'une étoile ou d'un cône.
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Cactus de Noël *********************************************** Cactus de Pâques
LES ANCETRES BOTANIQUES
Les ancêtres botaniques sont les deux espèces connues du genre Rhipsalidopsis. Ce genre est aujourd'hui inclus par certains dans le genre Hatiora.
Les Rhipsalidopsis (car ressemblant aux Rhipsalis), ont été classés, tout au long de leur histoire, dans plusieurs genres : Epiphyllum, Schlumbergera, Epiphyllopsis.
Les Rhipsalidopsis botaniques poussent en épiphytes dans les forêts du Sud du Brésil, dans les Etats de Minas Gerais, Sao Paulo, Parana, Santa Catarina et Rio Grande del Sul, (zone rouge de la carte) . Ces localisations sont voisines de celles des Schlumbergera botaniques (Cactus de Noël).
Les Rhipsalidopsis botaniques se composent de deux espèces : Rhipsalidopsis rosea et Rhipsalidopsis gaertneri.
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Rhipsalidopsis rosea *********************************** Rhipsalidopsis gaertneri
Rhipsalidopsis rosea a des articles aplatis, d'une longueur de 2 à 4 centimètres, d'une largeur de 1 centimètre, et de fleurs roses d'un diamètre de 3 à 4 centimètres.
Il est décrit dès 1912 par Lagerheim, dans un ouvrage de Britton et Rose.
Rhipsalidopsis gaertneri a des articles plus grands, d'une longueur de 4 à 7 centimètres et d'une largeur de 2 à 2,5 centimètres. Ses fleurs d'un rouge écarlate ont un diamètre de 4 à 7,5 centimètres.
Il est décrit dès 1884 par le botaniste allemand von Regel.
Les deux espèces ont plusieurs variétés.
C'est à partir de ces deux espèces que sont nés tous les Rhipsalidopsis hybrides.
HISTOIRE SUCCINCTE DES HYBRIDES
L'histoire des hybrides commence en 1932. C'est alors que le producteur de cactées Alfred Gräser commence à croiser les deux espèces botaniques précédentes, en prenant le pollen de Rhipsalidopsis rosea et en le déposant dans le pistil de Rhipsalidopsis gaertneri. Il obtiendra plusieurs hybrides, désignés sous le nom de Rhipsalidopsis X graeseri.
En 1985, dans la revue anglaise : "Epiphytes", sont mentionés 44 cultivars de Rhipsalidopsis hybrides.
La création des hybrides continue dans les pays anglo-saxons dans les années de 1950 à 1960 : au Royaume Uni et en Californie dans les "Johnson Cactus Gardens", ainsi qu'en Floride, chez le célèbre hybrideur Cobia, créateur de Schlumbergera X "Gold Charm", le premier cactus de Noël à fleurs jaunes. Des hybrides de Rhipsalidopsis sont aussi créés par Abbey Brooks Cactus Nursery et par des membres du groupe Epiphytic Plant Study Group parmi lesquels John Horobin, co-auteur du livre de référence "Christmas Cacti", sur les Cactus de Noël.
Rhipsalidopsis X "Parnell"
Des hybrides sont aussi créés en Australie, au Japon, (pays d'origine du splendide hybride bicolore : "Parnell"), au Danemark, en Allemagne et au Pays-Bas où apparaît le premer hybride à fleurs blanches : Rhipsalidopsis X "Sirius", que j'ai eu la chance de pouvoir acheter par hasard dans une jardinerie française, l'année même de sa première commercialisation, en 2003. Pour la petite histoire, la jardinerie en question ignorait qu'elle était en train de vendre une nouveauté, croyant (par erreur) vendre une plante existant depuis de nombreuses années !!
Un hybride à fleurs jaunes a été créé, mais n'est pas encore commercialisé.
Dès 1995, Eckard Meier signalait dans son article de référence sur les Rhipsalidopsis (revue "Haseltonia" de la Cactus and Succulent Society of America), une liste de plus de 200 cultivars de Rhipsalidopsis hybrides.
ORIGINES DES HYBRIDES A FLEURS BLANCHES OU JAUNES
Rhipsalidopsis X "Sirius"
J'ai tout de suite été intrigué par l'origine des Rhipsalidopsis hybrides à fleurs blanches ou jaunes, car c'est la première fois que ces couleurs inhabituelles apparaissaient dans le genre Rhipsalidopsis dont les deux ancêtres ont des fleurs roses ou rouge écarlate (voir plus haut). J'ai donc voulu en savoir plus. J'ai écrit au producteur qui a commercialisé mon Rhipsalidopsis X "Sirius" pour lui demander des détails. Il m'a répondu que l'hybride avait été obtenu par techniques de croisement, et que l'obtention avait demandé 10 ans d'efforts ; je n'ai pas pu en savoir plus. Je me suis posé les questions suivantes :
L'origine était elle dans une mutation ou une sélection de couleur (comme pour Schlumbergera X "Gold Charm" ) ?
Une autre hypothèse pourrait être le croisement d'un Rhipsalidopsis avec un Rhipsalis (fleurs blanches), ou avec un Hatiora à fleurs jaunes comme Hatiora salicornioides. Cette hypothèse ne paraît pas impossible bien que les seuls hybrides intergénériques créés avec des Rhipsalidopsis aient été réalisés, à ma connaissance, avec des Schlumbergera. Plusieurs producteurs anglais de cactées, ainsi qu'un botaniste allemand, avec qui j'ai échangé des courriers sur ce sujet, pensent que l'hypothèse de la mutation de couleur ou de la sélection de clones aux couleurs claires est la plus probable. Il y aurait peut-être eu, par la suite, plusieurs croisements. Ceci expliquerait le temps relativement long, écoulé du début de la recherche jusqu'à la commercialisation.
Le mystère est donc encore entier pour moi ainsi que pour beaucoup d'autres.
CULTURE ET FLORAISON DES CACTUS DE PAQUES
Les cactus de Pâques ont à peu près les mêmes exigences de culture que les cactus de Noël, ce qui est logique, vu l'analogie et la proximité des habitats des ancêtres botaniques. Les cactus de Pâques demandent peut-être toutefois une situation légèrement plus ensoleillée que les cactus de Noël.
Le compost doit être acide et bien drainé, maitenu toujours légèrement humide, surtout de mars à octobre. Pendant cette période, je donne un arrosage tous les 10 jours environ. Pendant l'hiver, j'arrose environ une fois toutes les trois semaines et moins abondamment. Les arrosages se font toujours à l'eau de pluie.
D'octobre à mars, la température minimale doit descendre à environ 10°C ; si cette descente n'a pas lieu, la floraison n'interviendra pas. De mars à octobre, je maintiens la température entre 10 et 25°C. En dessus de 25°C, les plantes ont tendance à flêtrir. Comme tous mes épiphytes, les Rhipsalidopsis adorent passer l'été dehors, dans mon jardin.
Les hybrides proches de Rhipsalidopsis rosea et Rhipsalidopsis rosea lui-même sont un peu plus difficiles à cultiver que les autres. Le système racinaire peut dépérir pendant l'hiver et les plantes se flétrissent puis se dessèchent. Il ne faut pas alors hésiter à couper des articles et à les bouturer au chaud, à l'intérieur de la maison, sous des lampes horticoles. Le même taitement est applicable en cas de pourriture de la base de certains articles.
Dans ma serre, la floraison des cactus de Pâques se produit de mai à juillet. Les producteurs les font fleurir exactement à Pâques en leur avançant artificiellement le printemps, quelques mois avant la période désirée de floraison.
Après la floraison, il faut couper manuellement les fruits qui se forment pour éviter qu'ils ne se développent et risquent d'épuiser inutilement la plante.
OU SE PROCURER LES CACTUS DE PAQUES ?
Comme je l'ai dit plus haut, les cactus de Pâques intéressent essentiellement le grand public, et beaucoup moins les cactophiles. En conséquence, on les trouve surtout dans les jardineries grand public plutôt que chez les producteurs de cactées pour collectionneurs, qui, sauf exception, ont en catalogue un éventail assez réduit.
Pour ma part, j'ai eu la chance de pouvoir importer des Etats Unis la plupart de mes Rhipsalidopsis. Ils viennent du fabuleux ancien producteur : Rainbow Garden, aujourd'hui hélas à la retraite. Celui-ci avait d'ailleurs cessé, comme beaucoup de ses collègues, l'exportation hors USA, plusieurs années avant de se retirer. La raison était le poids et le coût des tracasseries administraives ( CITES, certificats phytosanitaires, douanes) nécessaires pour pouvoir exporter légalement. Le marché américain est ainsi devenu, hélas, de plus en plus inaccessible pour le collectionneur européen.
Rhipsalidopsis X "Double China Rose"
(obtention : Everson & Williams, Rainbow Garden)
Quant au jardineries, elles proposent chaque année de nouveaux et forts beaux hybrides, mais il s'agit toujours d'hybrides non identifiés. Les vendeurs en gros qui fournissent les jardineries ne jugent pas utile de mettre des étiquettes d'identification, partant des principes que l'étiquetage à un coût et que le faible interêt du grand public pour l'identification ne justifie pas un investissement dans ce domaine.
Il est donc relativement difficile de se procurer des hybrides identifiés, les seuls moyens possibles étant de faire le tour de beaucoup de producteurs, ou de trouver des collectionneurs particuliers qui vendent ou qui échangent. Je remercie d'avance tout collectionneur étant dans ce cas et voulant me contacter.
LA GALERIE DES PHOTOS DE MES CACTUS DE PAQUES
Cette galerie a été constituée à partir des photos des Rhipsalidopsis de ma collection, déjà présentes ailleurs dans mon site, mais disséminées sur plusieurs pages. Je les ai regroupées (en ajoutant des nouveautés) sur une page spéciale qui est la galerie de tous les Rhipsalidopsis ayant fleuri à ce jour dans ma collection.
Cette page n'aurait jamais été aussi complète sans la précieuse documentation contenue dans l'article de référence sur les Rhipsalidopsis, écrit par Eckhard MEIER, dans la revue Haseltonia, volume3, 1995. (livre disponible chez Whitestone Gardens, dont l'adresse est dans la page : adresses et liens.)
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