**** L'HISTOIRE DES APOROPHYLLUM ****

 

     Aporophyllum X 'Helena'   (Obtention : Clive Innes)

Au début de ma collection de cactées épiphytes, j'achetai dans une jardinerie le très classique Aporocactus flagelliformis.

Regardant l'étymologie du mot "Aporocactus", je vis que le mot avait pour origine grecque : "aporia" qui signifie impénétrable. Je pense que ceci vient du caractère emmêlé et piquant des tiges qui ne donne pas envie de trop les toucher.

Quelque temps plus tard, en visite chez un producteur allemand, quelle ne fût pas ma surprise de voir une plante dont les tiges avaient la même forme cylindrique que celles d'Aporocactus flagelliformis, mais dont les fleurs étaient d'un rouge vif, mais surtout étaient deux à trois fois plus grandes, ressemblant à celles d'un Epicactus (cactus hybride ayant des tiges en forme de feuilles comme celles des Epiphyllum ; les Epicactus ont aussi été appelés Phyllocactus).

(N.B. :Dans mon site, j'appelle "Epiphyllum hybrides" les Epicactus.)

Le nom qui était sur l'étiquette était : Aporophyllum X "Oakleigh Conquest".

Je crus alors, pendant un certain temps, que les Aporophyllum (en Anglais : Rat tail cacti) étaient des hybrides entre des Aporocactus (aporo) et des Epiphyllum (phyllum).

Nous allons voir que la réalité est beaucoup plus complexe que cette simplification hâtive.

La complexité commença à m'apparaître lorsque j'achetai d'autres Aporophyllum et que je vis sur les étiquettes qu'on pouvait aussi les appeler pour certains Aporoheliocereus ou Aporoselenicereus.

Je n'ai appris les choses d'une façon complète que lorsque j'ai eu connaissance de l'article de référence d'Eckhard Meier paru en 1994 dans la revue en langue anglaise : "Haseltonia"

Eckhard Meier, avec qui j'ai pris contact, m'a très aimablement autorisé à utiliser son texte pour écrire cet article. Je m'en suis donc abondamment inspiré ; sans lui, ces pages n'auraient jamais vu le jour, et j'en profite pour le remercier ici chaleureusement.

ORIGINES ET HISTORIQUE DU GENRE APOROPHYLLUM

L'origine des Aporophyllum (on devrait plutôt dire : X Aporophyllum car ce sont tous des hybrides) est beaucoup plus récente que celle des Epicactus (cactus hybrides ayant des tiges plates en forme de feuilles allongées, comme les tiges des Epiphyllum botaniques) , des cactus de Noël (ou Schlumbergera, ou Zygocactus) ou des cactus de Pâques (ou Rhipsalidopsis, ou Hatiora).

Les premiers Aporophyllum ont été commercialisés pour la première fois aux Etats-Unis, près de Los Angeles, en1955, par le célèbre spécialiste et producteur de cactus : Harry Johnson. C'étaient des hybrides entre des Aporocactus et des Epicactus. Ce n'est plus le cas de tous les Aporophyllum actuels.

NB : Il faut tout d'abord signaler que le nom de genre : "Aporophyllum" est botaniquement invalide. Lorsque le producteur Harry Johnson introduisit ce nom sur son catalogue en 1955, il ne se doutait pas de l'agitation qu'il allait susciter. Le Code International de Nomenclature Botanique (ICBN, Utrecht, 1983) précise que le nom du nothogenre (genre constitué d'hybrides) "Aporophyllum" est invalide pour deux raisons principales : D'abord, il est contraire à l'Article H.6.3. qui précise que, pour que le nom d'un genre d'hybrides bigénériques soit valide, les lignées parentales des deux parents doivent être connues, ce qui n'est pas le cas ici. En effet les Epicactus sont souvent présents dans le pedigree des Aporophyllum, et l'origine des Epicactus est souvent incertaine (Ils sont souvent issus de 4 à 6 genres différents). Ensuite, Johnson publia le nouveau nom sur son catalogue de vente, ce qui, d'après l'Article 29.4 de l'ICBN (1988) était inadmissible depuis le 1er janvier 1953.

J'appellerai dorénavent Aporophyllum, les cactus hybrides qui ont des tiges cylindiques ressemblant à celles des Aporocactus, et des fleurs ressemblant aussi aux fleurs des Aporocactus, mais, souvent, de plus grande taille.

Avec ce sens élargi du mot, nous incluons les premiers hybrides de Johnson, mais nous généralisons à des hybrides intragénériques ou multigénériques.

Dans l'arbre généalogique d'un Aporophyllum, nous trouverons toujours un ou plusieurs Aporocactus, mais nous pourrons avoir aussi un ou plusieurs des genres botaniques suivants : Disocactus, Epiphyllum, Heliocereus, Nopalxochia, Selenicereus, Weberocereus. Et bien entendu, figurent souvent aussi des hybrides entre toutes ces plantes. Les branches de l'arbre se compliquent singulièrement....

A titre d'exemple je donne dans une page séparée, l'arbre généalogique complet d'Aporophyllum 'Discovery' ( obtention du célèbre botaniste, horticulteur et hybrideur britannique Clive Innes). L'obtention de cet Aporophyllum s'est déroulée sur cinq générations. Nous trouvons dans l'arbre cinq genres botaniques différents, sans compter les Epicactus !!!

D'autres Aporophyllum ont des arbres généalogiques plus simples ; par exemple:

Les Aporophyllum, croisements d'Aporocactus et d'Heliocereus sont aussi appelés : Aporoheliocereus.

Les Aporophyllum, croisements d'Aporocactus et de Selenicereus sont aussi appelés : Aporoselenicereus.

Les Aporophyllum, croisements d'Aporocactus et de Disocactus sont aussi appelés : Aporodisocactus ou Disapora

CARACTERISTIQUES FLORALES DES APOROPHYLLUM

Les fleurs des Aporophyllum ont beaucoup d'avantages par rapport à celles de leurs ancêtres les Aporocactus, qui ont toutefois aussi de très belles fleurs.

Tout d'abord, mis à part les hybrides à petites fleurs, (qui ont le charme de relative rareté), les Aporophyllum ont des fleurs de la taille de celles des Epicactus à fleurs moyennes ou grandes (échelle des producteurs d'Epicactus).

Ensuite, la palette des couleurs est plus riche, et plusieurs nuances sont souvent présentes sur une même fleur. Les quatre espèces d'Aporocactus ont des fleurs roses ou rouges, plus ou moins foncées. Chez les Aporophyllum, nous trouvons comme couleurs : le blanc (encore très rare), l'orange, le rose, le rouge vermillon, le magenta, et toutes les nuances pastel que vous pouvez imaginer en mélangeant toutes ces couleurs.

La rareté du blanc (trois cultivars connus en 1994 : 'Bintang Sinar', 'Iceberg', et 'Snowbird', qui ne sont pas, hélas, dans ma collection, je lance ici un avis de recherche) s'explique par le fait que la pigmentation rouge des Aporocactus est un caractère dominant, et ressort donc d'une manière très forte dans les hybridations.

La couleur qui fait encore défaut est le jaune pur, qui pourrait certainement être obtenu, notamment à partir d' un Aporophyllum chez qui le pigment jaune est déjà présent, par exemple le cultivar 'Discovrey'. Mais tout ceci nécessite beaucoup d'espace de culture, beaucoup de temps, beaucoup de patience et de ténacité, et aussi ... beaucoup d'argent, pour obtenir une plante qui est actuellement moins prisée sur le marché qu'un Epicactus.

A titre d'exemple en ce qui concerne le temps, le célèbre hybrideur Curt Knebel parle, dans son livre 'Phyllocactus', d'un délai minimum de 6 à 8 ans entre la pollinisation de deux Epicactus et l'obtention de la première fleur, issue des graines, semées et élevées, qui étaient dans les fruits obtenus par cette pollinisation. Ceci est donc nécessaire pour une génération. La création d'Aporophyllum 'Discovery' s'est faite sur cinq générations.

CULTURE DES APOROPHYLLUM

D'autres avantages des Aporophyllum par rapport aux Epicactus sont l'encombrement réduit des plantes et leurs faibles exigences de culture.

Je cultive mes Aporophyllum dans le même compost que les autres cactées épiphytes, c'est à dire un mélange acide bien drainé de terre de bruyère, de sable siliceux et de vermiculite. Mais les Aporophyllum tolèrent aussi des mélanges plus minéraux et moins acides (Je n'ai pas personnellemnt vérifié ces points, mais j'ai acheté des Aporophyllum en excellente santé, qui vivaient dans de tels composts.)

Les Aporophyllum aiment une situation ensoleillée et l'exposition au soleil direct ne les brûle pas.

Ils résistent très bien au froid : je pense que 5°C de température minimale en hiver leur convient très bien ; dans ma serre, ils ont un peu plus, car ils sont mélangés à mes plantes plus frileuses.

Les Aporophyllum supportent très bien de passer complètement au sec toute la période hivernale, du mois d'octobre au mois de février, époque où apparaissent les premiers boutons floraux. Il faut alors commencer à arroser, et un apport d'engrais fortifie la floraison (engrais NPK avec peu de N et beaucoup de P et de K).

Les Aporophyllum sont peu sensibles aux maladies et parasites, à part les araignées rouges auxquelles il faut toujours faire attention.

MULTIPLICATION

Au bout de quelques années de culture, il arrive que les tiges se lignifient et que le système racinaire s'affaiblisse. Il ne faut pas hésiter alors à rajeunir la plante en coupant toutes les tiges non lignifiées et en les bouturant. Je garde toujours en pot la vieille souche de la plante coupée, de laquelle repartent souvent de jeunes tiges vigoureuses.

Le bouturage est le moyen idéal de multiplication des Aporophyllum.

 

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ARBRE GENEALOGIQUE D'APOROPHYLLUM 'DISCOVERY'

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